Aides sociales directes : le Maroc impose son modèle aux réunions du FMI et de la Banque mondiale
Maroc Hebdo - le 26 Avril 2025
À Washington, lors des réunions de Printemps du FMI et de la Banque mondiale, le Maroc a été salué pour son programme d’aide sociale directe, l'un des plus ambitieux au monde.
Dans le cadre des réunions de printemps de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI), Washington a accueilli, ce 23 avril 2025, une table ronde sur "la protection sociale dans la région MENA : enseignements et innovations pour la protection des individus". L'occasion pour la directrice générale de l’Agence nationale du soutien social (ANSS), Wafaa Jamali, qui a représenté le Maroc à l'événement, de présenter l’expérience marocaine en matière de protection sociale, très remarquée aujourd'hui de par le monde tant par l'ampleur du dispositif que par son ambition stratégique.
Une priorité nationale consolidée
Érigée en priorité nationale sous l’impulsion du roi Mohammed VI, la protection sociale est ainsi, comme l'a bien mis en avant Wafaa Jamali, une réalité consolidée au Maroc. Désormais, le Royaume figure même parmi les pays contributeurs actifs aux bonnes pratiques internationales en matière de soutien social.
Dans le détail, le programme marocain d’aide sociale directe mobilise près de 2 % du PIB, soit environ 25 milliards de dirhams (MMDH) en 2025, entièrement couverts par l’État grâce aux contributions de solidarité, à la réforme de la compensation et à la révision des programmes sociaux existants. Dans les années à venir, l'enveloppe devrait atteindre 30 MMDH.
"Cette mobilisation est exceptionnelle à l’échelle internationale", a rappelé Wafaa Jamali, soulignant que le Maroc fait figure d’exception parmi les pays à revenu intermédiaire en finançant ces aides sans appui budgétaire extérieur direct.
Une approche structurante pour l'autonomisation économique
Le modèle marocain revendique aussi une approche structurante : l’aide sociale n’est pas une finalité, mais un tremplin vers l’autonomisation économique. Le programme articule ainsi soutien financier, accès à la formation, encouragement à l’emploi, et conditionne une partie des aides au respect de critères sociaux tels que la scolarisation ou le suivi médical des enfants.
Un mécanisme sophistiqué de ciblage, fondé sur le registre social unifié (RSU), permet en outre d’identifier les ménages éligibles à partir d’un indice composite intégrant revenus, conditions de logement et niveau de vie. Une première au Maroc, conçue pour limiter les erreurs d’attribution et renforcer la transparence.
Une couverture large et un ancrage territorial renforcé
Avec près de 4 millions de familles bénéficiaires - soit plus de 12 millions de personnes, dont 5,6 millions d’enfants et un million de personnes âgées -, le programme entend toucher les franges les plus vulnérables de la population, tout en s’adaptant aux réalités locales.
Pour renforcer l'impact de terrain, des antennes régionales vont être créées, opérées par des travailleurs sociaux issus des territoires concernés. L’objectif est double : mieux répondre aux besoins spécifiques des bénéficiaires et favoriser leur insertion économique.
"La protection sociale ne doit pas être réduite à un simple transfert monétaire", a insisté Wafaa Jamali. "Elle est appelée à devenir un moteur de développement humain durable, au bénéfice des générations futures."
La démarche vise également à soutenir l’emploi des jeunes et des femmes, en mettant en place des dispositifs d’accompagnement ciblés : formations adaptées aux bassins d’emploi locaux, accès facilité au crédit, soutien à la création d’activités génératrices de revenus.
Dans cette dynamique, l’inclusion financière est érigée en priorité pour garantir une meilleure efficacité de l’aide et renforcer la résilience des ménages.